Les pluies torrentielles auraient fait plus de 10 morts à Haïti. Dans les camps, c’est le “chaos”.
La saison des pluies a commencé à Port-au-Prince, entraînant avec elle son lot de drames. Dans la nuit du 6 au 7 juin, des pluies diluviennes sont tombées durant plusieurs heures sur la capitale. De véritables torrents se sont formés dans les rues, transportant des tas de déchets, allant jusqu’à boucher certaines habitations.
A Pétion-Ville, là où réside notre équipe, les habitants se sont regroupés dans les rues ce matin pour tenter de déblayer, tant bien que mal, les tas de déchets amoncelés devant leur maison : bouteilles en plastique, boue, poubelles du marché, barquettes en polyester dans lesquelles beaucoup de Haïtiens mangent dans la rue.
Plus impressionnant encore, certains pans entiers de la route, des plaques de goudron, se sont détachés. Plus loin, un groupe s’est formé autour d’un trou béant situé à une vingtaine de mètres en dessous.
« Un mur s’est effondré, nous dit-on, trois personnes sont mortes ». Selon des témoins, le corps d’une personne aurait été retrouvée, et deux autres seraient toujours portées disparues.
Malgré les trombes d’eau qui se sont déversées dans toute la ville, Port-au-Prince reste couverte de boue et de détritus. L’effondrement de murs d’immeubles en ruines, fragilisés par le séisme, a bouché les principales artères de la ville, créant ainsi des « blocus » [NDLR, embouteillages] bien plus importants que les jours précédents.
Onze personnes seraient mortes au total dans le pays, emportées par des coulées de boue, a déclaré la directrice du département de Protection civile d’Haïti, Marie Alta Jean-Baptiste. Tous les décès, sauf un, seraient survenus dans la région de Port-au-Prince.
La saison des pluies pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour les populations qui vivent dans les tentes, et n’ont aucun abri pour se protéger des inondations. Les responsables des camps craignent notamment un retour du choléra.
« Lorsqu’il pleut dans les camps, c’est le chaos. On ne peut rien faire, nous n’avons pas d’espace pour évacuer les gens”, déplore Ernest Louis, président de la fédération nationale de la jeunesse pour le développement, qui coordonne l’action des associations dans les camps. “Certains camps ont des formes de cuvettes, comme celui du Champs de Mars [en face de l’ancien Palais présidentiel, NDLR] Nous n’étions pas préparés à de telles pluies. Nous avons les ressources humaines mais pas matérielles. Des médecins mais pas de médicaments. On manque de tout. »
Dans les camps, on redoute désormais une seconde nuit d’inondations.
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