Au cours des journées qui ont suivies le 12 janvier, la priorité fut de ramasser aussi rapidement que possible les corps des victimes afin d’empêcher de probables épidémies. Des fosses communes ont été alors construites et les cadavres incinérés. Aucune identification ne fut possible, ce qui pose aujourd’hui un grave problème législatif. En effet, un acte de décès n’est officiel que s’il y a identification de la victime. Ces dernières sont aujourd’hui considérées comme des disparus et il faut un minimum de dix années pour qu’un acte de décès soit remis aux proches. Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter un article du Nouvelliste à ce sujet => « Ces morts sont-ils légalement morts? »
Mais au-delà de ce problème, d’un point de vue beaucoup plus humain, de nombreux haïtiens peinent à faire leur deuil… De nombreux cadavres sont encore ensevelis sous les gravats, plus de six mois après le drame… C’est la raison pour laquelle le collectif « Mémorial pour les victimes du 12 janvier » s’est formé. Ses membres souhaitent l’édification d’un monument national, pour que tous les haïtiens puissent venir à un seul et unique endroit afin de pleurer leurs proches disparus.
Pourquoi un Mémorial National ?
Marie-Louise Augustin, présidente du collectif, a expliqué, lors d’un meeting réunissant une vingtaine de personnes, qu’il y avait de nombreuses initiatives locales, mais que celles-ci ne permettraient pas à tout le monde de pouvoir se recueillir. Pour elle, un monument national est essentiel. Il aura ainsi le rôle de rappeler aux futures générations que la terre tremble et qu’il faut prendre des mesures de précaution. Elle aime à rappeler que les toitures traditionnelles des maisons haïtiennes sont normalement de fabrication légère, le plus souvent en tôle ondulée. Mais en raison des pluies et des ouragans beaucoup plus fréquents que les tremblements de terre, l’utilisation de ces toitures a été oubliées avec le temps. Ce sera donc désormais le rôle de ce mémorial, de conserver la mémoire le plus longtemps possible.
Philippe Dodard, célèbre artiste-peintre haïtien, travaille aujourd’hui comme conseiller de la première Dame du pays (Mme Préval). Il a participé à cette réunion et nous a témoigné de l’importance d’un tel édifice pour le pays :
Philippe Dodard – Un mémorial
Le collectif du mémorial des victimes du 12 janvier souhaite donc interpeller le gouvernement, la population et toutes les aides internationales possibles afin qu’ensemble ils arrivent à édifier un tel monument qui permettra, selon eux, de tourner la page sans toute fois l’oublier !
(Musique – Interview : Antoine Chevallier (Postillon) => Myspace)
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